913Rapport Meadows : Pourquoi le MIT a-t-il conclu que le monde courait à sa perte il y a 50 ans ? Comment a été conçu ce rapport, quel est son impact ?

LE RAPPORT MEADOWS 1972 : HALTE A LA CROISSANCE

Rapport Meadows : Pourquoi le MIT a-t-il conclu que le monde courait à sa perte il y a 50 ans ? Comment a été conçu ce rapport, quel est son impact ?

Tout commence avec le Club de Rome, qui était à l’époque une association qui voulait réfléchir sur l’avenir de la planète. Ses membres se demandent combien de temps l’Homme pourra continuer sur sa lancée.

C’est donc au MIT que le Club de Rome commandite ce rapport et les deux grands noms en charge du dossier sont J. W. Forester, spécialiste en informatique et en théorie des systèmes et D. Meadows, physicien et professeur au MIT.

Comment le Club de Rome et Meadows ont-ils annoncé l’effondrement ?

Pour répondre au Club de Rome, Meadows et Forester vont mettre en place ensemble un modèle de simulation basé sur le système industriel et urbain, sur l’état écologique, la croissance démographique… Grâce à cela, c’est l’impact de la croissance démographique et économique de l’Homme sur la planète qu’analyse le Rapport Meadows. Il s’agit en fait d’un chiffrage informatique basé sur des données brutes (production agricole, nombre d’humains, réserves et récoltes de ressources naturelles, production industrielle, pollution) qui simule la croissance humaine sur notre planète à plus ou moins long terme. Nos spécialistes utilisent pour cela la méthode systémique, qui s’attache à définir une situation comme un système, composé de multiples interactions entre d’autres sous-systèmes, ayant chacun un impact sur les autres. Cette méthode se concentre donc sur les liens entre les phénomènes plutôt que sur les phénomènes eux-mêmes, analysant ce qui les amplifie ou les stabilise.

Le résultat est sans appel. Le Rapport Meadows prévoit l’épuisement des ressources naturelles (nickel, pétrole, cuivre…) à horizon 2020/2030. Surtout, il prédit la fin de la croissance, qui butera sur des facteurs que le rapport, en Anglais Limits to Growth, tend justement à identifier.

C’en est trop pour les économistes qui réagissent les premiers avec Hayek, économiste libéral, qui répond 2 ans plus tard, remettant en question les interprétations du rapport et certains choix comme celui de la méthode systémique. De plus, ces derniers ne sont pas prêts à accepter le fait que la fin du pétrole marquera aussi la fin de l’ère industrielle et décrient que l’on remplacera cette énergie par une autre, plus accessible. Si l’envie de remplacer un consommable cher par un autre plus économique, la réalité est tout autre et personne ne peut, en 1975, prétendre avoir trouvé l’énergie du futur. Mais ces penseurs avaient la foi. La foi en l’innovation, qui semble aujourd’hui encore animer ceux qui ne veulent pas croire que l’effondrement est imminent.

Toujours est-il que la pénurie d’énergies fossiles n’est pas le seul facteur à pouvoir engendrer des situations catastrophiques sans précédent. Ainsi, la capacité de l’Homme à économiser les ressources naturelles telles que l’eau ou le fruit de l’agriculture, l’aptitude des technologies actuelles à recycler tous les déchets que crée la consommation humaine, le réchauffement climatique… Tous ces facteurs semblent mener à une diminution brutale de la population humaine et de ses conditions de vie. Sur le Rapport Meadows les graphiques sont tous en baisse. Pour palier cela, les chercheurs ont adapté leur système de simulation : « et si nous doublions la production agricole ? », « pourquoi ne pas réduire la croissance démographique ? ». La réponse est toujours la même. Rien ne semble pouvoir éviter le désastre à part un changement drastique de cap. D’où le nom : Halte à la croissance : Le Rapport Meadows.

L’impact du Club de Rome et du Rapport Meadows

Si le Club de Rome et son Rapport Meadows ont été décriés par certains penseurs, la colossale croissance humaine est indéniable et ses potentiels impacts sur la planète, ainsi que ses consommables limités, ont fait réfléchir le grand public.

D’autant plus que la même année, en 1972, se tenait à Stockholm, pour la première fois, la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement. Elle lance alors un plan d’action pour préserver l’environnement. Malheureusement, ce programme commence par quelques mots présentant l’Homme et louant son évolution pour préciser que Les deux éléments de son environnement, l’élément naturel et celui qu’il a lui-même créé, sont indispensables à son bien-être et à la pleine jouissance de ses droits fondamentaux, y compris le droit à la vie même. 

Vous l’aurez compris, ce qui était alors la plus haute autorité dans la prise de conscience environnementale n’avait pas pour ambition de chambouler le confort de tous en prenant les décisions radicales qui s’imposaient.

Toujours est-il que la question environnementale est étendue au grand public. On parle maintenant de préserver l’environnement, un plan vigie est mis en place pour évaluer l’état environnemental. Les États s’engagent à améliorer à long terme l’environnement dans certaines zones. Un programme d’éducation et de formation professionnelle est lancé. Les Nations Unies invitent même les pays du monde entier à trouver un accord de paix leur permettant de s’affranchir de l’arme nucléaire, qui serait trop néfaste pour l’environnement !

Rapport de Meadows et Forester – Que faire maintenant ?

Alors oui, le Rapport de Meadows et Forester aura ouvert des yeux, mais la prise de conscience n’aura pas suffi. Dennis Meadows a par ailleurs répondu au journal Le Monde qui lui demandait à quoi ressemblerait le monde dans quarante ans si l’on ne faisait rien. Sa réponse :

« Le prédire avec précision est impossible, mais une chose est sûre : le changement climatique accélère. Dans quelques décennies, les océans seront plus hauts à cause de la fonte des glaces, il y aura davantage de tempêtes, les régions autour de la Méditerranée seront plus sèches et les tensions liées aux inégalités plus intenses. Notre mode de vie, gourmand en biens matériels et en énergies fossiles, n’est donc pas tenable. »

En 2012, il sort même une dernière version de son rapport : Les Limites à la croissance (dans un monde fini). Il y expose comment l’Homme a échoué à adapter son système pour éviter la transition. On le sait maintenant, l’être humain a beau avoir des faits tangibles sous le nez, il n’est pas prêt à abandonner sa croissance, sa richesse et son confort pour préparer une épreuve qu’il sait redoutable.

Selon les nouveaux rapports, on n’échappera pas à l’essoufflement de la croissance aux alentours de 2030, date à laquelle la population humaine sera brutalement réduite. Il appartient donc à l’Homme de redéfinir un système de croissance pérenne pour lui et pour son environnement.

En cela, le livre Homo-Consommatus – Le Déclin et les conférences de Bernard Boullet tentent de vous éclairer quant aux mesures à prendre et aux pistes de changements politiques et sociaux pour faciliter la transition de l’ère industrielle à celle qui lui succèdera.