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LORSQUE LE CITADIN S’EVEILLERA…

Au début du siècle dernier, la majorité des français vivait en milieu rural, soit environ 70% de la population. Puis, le rêve d’une vie meilleure à la ville déclenchait une migration sans précédent. Cette migration s’explique de plusieurs manières.

Tout d’abord, la mécanisation et le progrès de l’agriculture venaient progressivement remplacer nombre de bras qui n’y avaient plus leur utilité. Les revenus et la sécurité proposés par les emplois industriels étaient sans commune mesure, avec la précarité du travail de la terre. Enfin les métiers du tertiaire (administrations en tête), commençaient à se structurer apportant la sécurité absolue. Lorsque le fils de paysan rentrait dans les Postes à Paris, ou bien prenait ses fonctions d’Instituteur ou de Gendarme, c’était pour les parents, la récompense suprême qui venait couronner tant d’efforts.

Parallèlement à ce phénomène, la qualité de la vie engendra une forte croissance de la démographie du pays. Je me souviens, alors que j’étais enfant, des parents qui commentaient le recensement à 50 millions de Français. Permettez-moi seulement de rappeler que c’était il n’y a que 60 ans ! Dit autrement, la population Française a augmenté de 35 % durant cette période. Ce qui pourrait paraitre paradoxal, c’est que pendant ce temps, la population vivant du travail de la terre est passée en un temps record de 70, à 2,5 % de la population totale, alors qu’il fallait nourrir (excusez du peu) 27 millions de bouches supplémentaires. Parallèlement à ceci, le coût de la nourriture représentait 30 % du revenu d’un ménage moyen, contre 14% de nos jours.

Mais comment, ceci a été rendu possible ?

Ceux qui n’ont toujours pas intégré ces faits doivent modérer leurs critiques. Oui, ce sont les machines qui grâce au pétrole ont remplacé la traction animale avec un facteur démultiplicateur insoupçonnable. Oui, ce sont les produits « phytosanitaires » que certains se plaisent à appeler « pesticides » qui ont augmenté les rendements. Les machines encore elles, qui ont libéré des surfaces agricoles arables. Un animal de trait a besoin d’autant de surface pour vivre qu’il ne permet d’en cultiver, pas le tracteur… Oui, c’est le monde rural qui fait vivre au sens propre tous les autres corps de métiers.

En ces périodes où la nature se rappelle à nous et que certains applaudissent le corps médical et l’ensemble des secours tous les soir à 20 heures, nous devons nous dire que, malgré leur grand dévouement, ils ne peuvent soigner que des vivants. Or, pour être vivant, il faut commencer par se nourrir au minimum une fois par Jour. Certes, les transporteurs et en particulier les chauffeurs ont du mérite d’approvisionner les supermarchés, mais ils porteraient quoi dans leurs camions, s’il n’y avait ces femmes et ces hommes aux revenus bien plus modestes que les leurs, qui œuvrent dans l’ombre ? J’en appelle ici aux gentils bisounours boboïsants qui, sans savoir de quoi il en ressort, ni sans mesurer la situation, se sont permis ces dernières années de donner des avis qui n’avaient comme réalité, que ce qu’ils croyaient et qu’ils répétaient à grands renforts de ronds de manches. Oui, mesdames et messieurs, vous êtes les bienvenus à la campagne, du moins ceux qui y viendraient profil bas, pour y travailler et ainsi progressivement prendre la place des produits phytosanitaires et des machines. Rassurez-vous, il y a même plein de logements vides dans nos villages et nos campagnes. Lorsque le pétrole viendra à manquer, ce sera la triple peine pour l’approvisionnement agroalimentaire de notre pays.

  1. Pour remplacer un tracteur de puissance moyenne, il faut plus ou moins la force physique de 800 hommes.
  2. Les produits phytosanitaires disparaîtront et les rendements vont diminuer considérablement. De plus, les désherbants devront être remplacés (en partie) par des binettes mues par des petits bras musclés.
  3. Il ne sera plus nécessaire pour être « à la mode » de prôner le « consommer local« , puisque les transports grande distance ne seront plus possibles. Donc, le pays devra être autosuffisant. C’est dans cet esprit que je vous dis « profitez-en ! » il y aura du travail pour beaucoup, voire pour tout le monde. Quant à ceux qui ne voudront pas devenir des « cul-terreux », qu’ils s’apprêtent à payer le prix fort, autrement dit, le vrai prix des produits des champs…
  4. Petit rappel : il est préférable d’entendre chanter le coq avec le ventre plein, que le bruit de la rue le ventre vide….